Des défilés à l’environnement

C’est l’histoire d’une fille d’agriculteurs du Sud de la France, qui se hisse à la force du poignet dans le milieu très fermé de la mode. Diplômée de la prestigieuse école parisienne Duperré, Noémie Pichon enchaîne les contrats dans les grandes maisons, chez Alexander McQueen, Balmain ou Chloé, se spécialisant dans la création d’imprimés et de broderies. Une place que lui envieraient nombre de jeunes gens fascinés par ce milieu, mais qu’elle va décider de quitter. « Même dans ma bulle créative, je ne pouvais m’empêcher de noter les gaspillages, ces métrages de tissus jetés par exemple, parce qu’un motif était abandonné ». C’est décidé : elle s’engage pendant un an dans une ONG au Guatemala pour faire du design textile. « Ça a changé ma vie. ». Elle redécouvre le sens de sa vocation, au contact de ces ateliers de pays pauvres avec « de l’or dans les mains », qu’exploite une industrie textile produisant toujours plus et de plus en plus vite.

Revenue en France, elle s’inscrit à un nouveau master entre Dauphine, les Mines et les Arts déco. « J’ai découvert l’analyse du cycle de vie [ACV] lors d’un cours qui m’a passionné. Je me disais : mais pourquoi on ne fait pas ça ? » C’est le début d’une nouvelle aventure qui l’amène aujourd’hui à préparer une thèse à l’école nationale supérieure des arts et industries textiles (Ensait)[1] à Roubaix. Le projet est ambitieux : rien de moins que réaliser l’ACV de… toutes les grandes familles de technologies utilisées par l’industrie textile − filage, tricot, tissu, confection, etc. – et d’en tirer des indicateurs permettant aux industriels d’analyser l’impact environnemental de leurs procédés.


[1] Avec le soutien financier de la région Hauts-de-France, de la fondation I-Site ULNE et d’une entreprise, Induo.