Le président de l'université évoque des initiatives prometteuses dans la lutte contre la pollution de l'air, nées grâce à des personnels ou d'anciens étudiants de l'établissement.
Il y a quelques mois, des mesures dans le métro parisien ont révélé encore un peu plus l'ampleur de la tâche qui attend notre société confrontée à la pollution. Le freinage des rames, en effet, génère de minuscules particules métalliques que prennent de plein fouet les usagers qui stationnent sur le quai. Conscients du problème, la régie des transports parisiens et d'autres acteurs du transport public francilien ont pris les devants il y a un an en sélectionnant une société co-fondée par un enseignant-chercheur de l'Université de Lille et une ancienne étudiante de son école d'ingénieur Polytech pour expérimenter leur solution de dépollution des gaz, Terrao. Leur système ingénieux, compact, consiste à récupérer via des bulles dans l'eau les particules polluantes (ainsi que la chaleur des gaz, mais c'est une autre histoire, d'économies d'énergie, qui a permis à cette société de signer plusieurs accords de licence avec des poids lourds du secteur comme Dalkia ou Poujoulat…).
Ces talents d'entrepreneurs, nous cherchons à les repérer et les accompagner dès leurs études. C'est ce qui s'est passé avec deux anciens étudiants de l'université. Leur société, CozyAir, cherche à rendre visible une pollution encore trop peu connue du grand public, celle de l'air intérieur, dont ils commercialisent une solution de détection et d'analyse, utilisée dans de nombreux lieux comme des crèches. Là aussi, nous avons affaire à des entrepreneurs citoyens qui ont averti immédiatement leurs clients lorsque leurs capteurs déployés dans l'agglomération rouennaise ont révélé la pollution importante du terrible incendie de Lubrizol.
C'est une de nos missions : donner à la société des moyens d'agir. Permettre à chacun, par exemple, de choisir les trajets les moins pollués, avec le projet Apolline, soutenu par l'université, qui équipe des cyclistes de capteurs pour faire des mesures dans les rues (ainsi que dans les bureaux et domiciles).
Ces retombées économiques et vertueuses pour la société, ne viennent pas de nulle part. Elles s'appuient sur une recherche lilloise de très haut niveau, dans le top 100 mondial du classement de Shangaï en sciences de l'atmosphère. Ce numéro est l'occasion de faire le point sur les solutions pour aider la société dans sa lutte contre la pollution, une tâche dans laquelle de nombreux laboratoires de l'université sont impliqués, et d'aborder bien d'autres sujets.
Jean-Christophe Camart