Pascale Desgroux, du laboratoire physico-chimie des processus de combustion et de l'atmosphère (PC2A²), est co-coordinatrice du contrat de plan État-région (CPER) Climibio « Changement climatique, Dynamique de l’atmosphère, Impacts sur la biodiversité et la santé humaine ».
Dans les moteurs des véhicules ou le chauffage, les processus de combustion représentent une part importante de la pollution de l'air. A-t-on progressé de ce point de vue ?
Il ne faut pas sous-estimer les efforts accomplis par l'industrie automobile et les fabricants de brûleurs depuis une vingtaine d'années. Des innovations en matière de motorisation hybride ou de réduction catalytique par exemple permettent de réduire les émissions polluantes à des niveaux conformes aux normes européennes de plus en plus strictes. Mais la question du contrôle des émissions reste posée depuis le « scandale Volkswagen ». Ce contrôle devrait être effectué par des organismes habilités, sur banc moteur mais également en situation réelle de conduite.
Comment devraient évoluer ces normes ?
Aujourd'hui, tous les polluants ne sont pas réglementés et les futures normes devront évoluer pour les intégrer. C'est le cas par exemple de substances chimiques comme certains aldéhydes, qui sont reconnus comme cancérigènes et émis lors de la combustion de biocarburants. Ces biocarburants sont présents en proportion non négligeable dans l'essence actuelle (jusqu'à 85 % pour le E85). Ils sont fabriqués à partir de betterave, blé, maïs et autres résidus sucriers. Quant aux particules, les normes, initialement limitées à la masse des particules, concernent aujourd'hui également leur nombre par km parcouru (600 milliards pour un moteur diesel). C’est une évolution indispensable pour mieux prendre en compte les particules ultrafines − très légères −, mais encore insuffisante, compte-tenu de leur impact sur la santé.
Ces particules ultrafines sont vraisemblablement parmi les plus nocives pour la santé. Pourra-t-on un jour en limiter l'émission ?
L'émission de particules de suie lors de la combustion de carburants fossiles ou de biocarburants peut être fortement réduite avec les technologies les plus évoluées. Plusieurs laboratoires de l’université travaillent¹ avec des partenaires européens à la détection des très petites particules (milliardième de mètre), qui est encore très difficile avec les technologies actuelles. Mais je pense que nous n'obtiendrons d'améliorations significatives de la qualité de l'air qu'en agissant sur tous les leviers en même temps. Par exemple tout véhicule roulant, même électrique, a un impact environnemental durant l'ensemble de son cycle de vie et génère des particules dues au frottement des pneus et au freinage. Il faut une vraie révolution de nos manières de nous déplacer.
¹ pems4nano.eu
² (Univ. Lille/CNRS)