« La pollution a beau avoir un impact sur la santé moins grand que le tabac ou l'alcool, explique Luc Dauchet, de l'unité Facteurs de risques et déterminants moléculaires des maladies liées au vieillissement¹. la différence, c'est qu'elle touche tout le monde. » D'où des conséquences presque aussi importantes sur la mortalité. Au fil des estimations, la pollution talonne aujourd'hui la deuxième cause de mortalité derrière le tabac, l'alcool, avec 48 000 décès chaque année en France. Et contrairement à ces deux derniers, il est effectivement presque impossible à la population de s'y soustraire, ce danger étant étroitement corrélé aux zones où se concentrent les emplois, tout en n'épargnant pas les zones rurales.
Mais pour pouvoir y apporter des réponses efficaces, il est nécessaire d'avoir une bonne connaissance de son impact sur la santé. Or le chiffre de 48 000 décès résulte d'un calcul statistique, basé sur le fait que la mortalité s'aggrave dans les zones plus polluées. Le calcul estime les morts qui pourraient être évitées si l'air en France était partout aussi pur que dans les zones les moins polluées du territoire (principalement situées en montagne). La pollution n'est donc pas en général une cause directe de décès, mais augmente la fréquence de maladies mortelles. Lesquelles précisément, de quelle manière et à cause de quel type de pollution est un des grands enjeux de la recherche actuelle. :::
L'invisibilité de la pollution
Hors gros axes routiers, aucun panneau ne signale en général aux habitants qu'ils circulent dans une rue ou une place polluée. Ces derniers se fient encore beaucoup aux fumées d'usine et aux odeurs pour déterminer que l'air qu'ils respirent est mauvais. Ils se croient souvent faussement protégés par l'habitacle de leur voiture ou les murs des bâtiments. Quant aux morts de la pollution, ils font rarement la une des journaux. Du coup, sans vraiment s'en apercevoir, la société française paye le coût vertigineux de son mode de vie : on estime les dépenses de santé dues à la pollution à 70 à 100 milliards d'euros chaque année.